Oeuvres

« Il est comme un objet sacré, posé en un lieu saint »

Il est préservé, respecté, honoré, inaccessible pour beaucoup, on l'entoure d'un certain mysticisme. On se prépare des heures avant de pouvoir le toucher, on respecte les rituels institués avant que les nouvelles étoiles s'en approchent. Il est le trait d’union entre l’ombre et la lumière, l'inconnu et le sacralisé, garant d'une certaine révélation. On lui reconnait le pouvoir de bénir ou maudire, car il transcende ceux qui le foulent.

Il est sacré.

Pourtant il n’est pourvu d’aucun caractère religieux et n’a pas pour objet le culte d’un dieu. Il n’est pas « kadosh » et n’a pas vocation à nous rapprocher du divin.

Jusqu'à récemment il a été malmené, relégué au rang de déchet, côtoyant avec d'autres détritus le sol d'une décharge avant d’être sauvé selon certains, car recyclé, lui proposant une certaine réincarnation en pneu ou en savate.

C’est au travers de recherches physiques, chimiques mais aussi historiques, colorimétriques d’expérimentations et de transformations que j'ai souhaité déconstruire ce tapis, pour le ranger à priori définitivement dans la classe des objets triviaux, communs, sans intérêt particulier.

Je le broie, le découpe, le brûle, le tranche, le réduit à l’état de lambeaux,
de billes ou de poussière.

Mais toutes ces étapes n'ont pas mis fin au magnétisme qui m'attire vers lui.
Quelque chose qui me dépasse et qui agit encore sur moi. Le rendre poussière n'aura pas suffit a le déconstruire. Et je dois reconnaitre que même dans tous ces états, il s'en dégage une esthétique particulière, une couleur qui fascine et hypnotise.

Nul ne peut nier que ce tapis soit une Icône. Il recèle d'un pouvoir invisible, inexplicable, quelque chose de magique, qui change jusqu'à la démarche de
ceux qui le foulent. Il possède une force particulière, manifestation d'une puissance qui nous dépasse, d'une énergie particulière que l'on cherche à comprendre autant qu'elle est crainte.